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Entretien avec Stéphanie Raymond sur la Cyber Intimidation
Stéphanie Raymond partage les effets négatifs de la cyber intimidation dont elle a été victime tout au long de son procès très médiatisé contre l'adjudant Gagnon.
Avertissement : l'article contient des clichés de commentaires pouvant être offensants.
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Question 1: Parle un peu de ton expérience avec l’intimidation

Stéphanie: Elle se produit en grosse majorité publiquement sur les réseaux sociaux. Mes amies et plusieurs membres de ma famille, mon conjoint ainsi que moi-même devons faire face à des commentaires désobligeants faits à l'encontre de ma personne et de mon agression. Ces commentaires sont faits par leurs collègues de travail, leurs clients ou leurs amis.
Question 2: Quand la cyber intimidation a-t-elle commencée ?

Stéphanie: Mon expérience avec l'intimidation a commencée avec le procès pour agression sexuelle en 2014, et elle se produit encore à ce jour.
Question 3: Comment les intimidateurs tentent-ils de te contacter. (Facebook, Twitter, Instagram, etc.)

Stéphanie: La majorité des gens ne veulent pas me contacter directement et ne cherchent pas à le faire. Ce qu'ils font c'est d'écrire des commentaires sur Facebook, des forums et tous les sites dédiés aux nouvelles qui possède une section de commentaires comme le Journal de Québec, le Journal de Montréal, le Huffingpost, LaPresse, L'Actualité ou 45e Nord. Je n'ai rien reçu sur Instagram et j'ai vu qu'un seul commentaire désobligeant sur mon histoire sur Twitter et sur YouTube. Des commentaires désobligeants ont aussi été faits par des animateurs de RadioX et leurs invités et sur FM93. Une femme travaillant aux Anciens Combattants à Québec est même venue me harceler en personne à mon travail dans une épicerie. Ils y avaient aussi quelques femmes clientes de l'épicerie, d'un âge plus avancé, qui faisaient allusion à mon histoire pour tenter de m'atteindre dans mes fonctions.
Question 4: Quelles ont été les périodes où tu as reçu le plus de commentaires haineux ?

Stéphanie: La période où l'intimidation a été à son plus fort a été au commencement du procès et à l'acquittement de mon agresseur.
Question 5: Combien de commentaires pouvais-tu recevoir par jour ou par semaine ?

Stéphanie: Cela dépendait de si mon histoire était médiatisée ou non. S'il y avait des développements publics dans mon histoire, tous les quotidiens publiaient la nouvelle . Chaque nouvelle est publiée sur FB. Sous chaque nouvelle, il pouvait y avoir jusqu'à 200 commentaires et des centaines de partages accompagnés de commentaires ou non. Aussi, sur les sites des médias en questions, ils avaient eux aussi, une section commentaires sous chaque article qui engendraient une centaine de commentaires chacun.
Question 6: Quel est le portrait type de tes harceleurs ?

Stéphanie: La majorité sont des hommes. Ils peuvent être d'age avancé, illettrés, sont jeunes, vieux, papa, grand-papa, conjoint, médecin, psychologue, militaire, famille de militaire, ancien militaire. Il y a aussi des femmes, en majorité elles sont jeunes. Dans mes harceleurs, il y a beaucoup de militaires actifs, de conjoint(es) de militaire, de famille de militaire et d'anciens militaires.
Question 7: Quelles remarques t’ont le plus blessées?

Stéphanie: Plusieurs ont été assez foudroyantes, certaines m'ont davantage marqué parce qu'elles venaient de militaire que j'ai cotoyé ou de femme ou d'enfant de haut gradés qui ont pris part aux représsailles que j'ai subit. J'ai été troublé par les commentaires fait par un médecin du CHUL à Québec. Je n'oublierai jamais la fois ou un commis de dépanneur, ne m'ayant pas reconnu, m'a parlé en mal de mon histoire et de mes choix, dans ma face. Je n'oublierai pas ce papa avec ses enfants et sa femme qui a ris de moi en arrivant à ma caisse puisque j'étais sur la première page du journal suite à l'acquittement de mon agresseur
QUestion 8: Quelle remarque t’as le plus encouragée?

Stéphanie: J'ai eu plusieurs remarques encourageante et elles ne sont pas négligeables. Ces commentaires ont été fais majoritairement en personne à mon travail, par des clients, majoritairement plus âgés. J'ai recu plusieurs commentaires en message privé sur FB pour m'encourager et pour me dire souvent, qu'elles avaient passées par là. Je donne maintenant des petites conférences dans des classes ou je suis invitée, et j'y recois beaucoup d'énergie positif, de l'intérêt senti, des encouragement et une stupéfaction. Un couple de retraité en République Dominicaine m'ont reconnu et m'ont communiqué leur appui. Il y a aussi l'aide et l'encouragement de mon avocat qui me restera toujours gravé.
Question 9: As-tu reçus plus de commentaires positifs ou négatifs ?

Stéphanie: Lors du procès et après l'acquittement: majoritairement négatif. Par la suite, tranquillement, lorsqu'il y avait d'autre développement, les harceleurs se taisaient de plus en plus et les commentaires négatifs et positifs étaient à égalité. Maintenant, suite à plusieurs petites victoire, je crois que l'opinion publique change tres tranquillement et je dirais maintenant que j'ai plus de commentaires positif,
Question 10: As-tu eu reçu des menaces ?

Stéphanie: Non
Question 11: As-tu eu peur pour ta sécurité ?

Stéphanie: Je crois que non.
Question 12: As-tu déjà confronté un de tes harceleurs?
Question 13: Reçois-tu des commentaires désobligeants des membres ou d’anciens membres des Forces armées Canadiennes ?

Stéphanie: Oui, je l'ai rapporté au commandant de l'Armée de terre avant le lancement de ma commission d'enquête. La commission d'enquête n'a jamais demandé à savoir ces commentaires. J'ai été harcelé durant les procédures d'enquêtes criminelles du SNEFC quand j'étais dans les Forces. J'ai fais des copies d'écran en preuve. Je l'ai ai fourni aux enquêteurs de ma plainte de harcèlement sexuel. Dans la décision finale, on peut y lire que les protagonistes n'ont commis aucune faute, ne seront pas puni, et que moi je devrais l'être pour avoir enfrein l'ordre de confidentialité et d'avoir discuté des évenements sur FB. Pourtant, nul n'était le cas et aucune preuve n'appuyait leurs version. J'ai aussi fourni ces commentaires à un enquêteur du SNEFC, il a trouvé cela cocasse et sans importance.
Question 14: As-tu modifié tes habitudes de vie pour réduire l’intimidation (te retirer des médias sociaux, changer de nom, changer d’emploi etc. ?)

Stéphanie: Lorsque le jury militaire partaient chez eux la fin de semaine (durant le procès et avant d'être séquestrés), j'ai fermé mon compte Facebook pour tenter d'éviter qu'il tente de se faire une idée sur ma personne en allant voir ma page facebook, même si elle est privée. Il était difficile d'occuper un emploi qui comporte un contact en personne avec la clientèle, puisque les gens me reconnaissaient et m'en parlait beaucoup. Quand c'était en positif, cela ne me dérangeait pas, quoique ca me mettait mal à l'aise face à mes collègues de travail qui entendait. Vers la fin, les commentaires négatifs commencaient à sérieusement entraver ma santé psychologique et mon travail. Il est difficile de se trouver un emploi maintenant. Je me garde toujours en réserve la possibilité de changer de nom, mais pour l'instant je ne l'envisage pas.
Question 15: As-tu considéré déménager dans une autre province ou ailleurs ?

Je ne le planifie pas le faire, mais je rêve parfois de m'installer sur un autre continent et commencer une autre vie, ou habiter dans un chalet reculé de la civilisation.
Question 16: As-tu déjà demandé du soutien auprès de groupes pour anciens combattants ? Comment ta demande a-t-elle été reçue ?

Stéphanie: Je n'ai pas demandé de soutient par rapport à l'intimidation, aux anciens combatants. Par contre, lors de l'épisode de la femme d'anciens Combattant qui s'était rendu sur les lieux de mon travail pour m'invectiver, je l'ai dis à la femme d'ancien combattant qui s'occupait de mon dossier à Valcartier. Elle m'a dit que ca ne se pouvait pas, que les personnes qui travaille pour anciens combattans sont tous corrects et bien intentionné et que cette femme a dû inventer qu'elle travaillait pour ancien combatant. J'ai insisté à trois reprises, mais elle n'a pas voulu croire que c'était possible.
Question 17: As-tu envisagé arrêter tes démarches pour faire cesser l’intimidation?

Stéphanie: Non
Question 18: Selon toi, est-ce que la culture du viol et le blâmage des victimes découragent les victimes de dénoncer ?
Question 19: Te fais-tu encore intimider sur les médias sociaux ?
Question 20: Est-ce ce genre d’intimidation continue à t’affecter ?

Stéphanie: Beaucoup moins qu'auparavent. En général elles ne m'affectent plus, sauf si elle provient de personne qui ont du pouvoir sur ma personne ou sur les gens: médecin, professeur, directeurs. J'ai de la difficulté à aller à l'école et à me mettre en équipe avec des étudiants qui ont tenu des propos vulgaires à mon égard dans mon dos.
Question 21: Crois-tu que plus devrais être fait contrer l’intimidation faites aux victimes ?

Stéphanie: Oui. Quelques médias de nouvelles l'ont fait et il s'agit de ne plus offrir de section commentaires sous les articles de nouvelles et si possible de les empêcher sous ces mêmes nouvelles lorsqu'elles sont publiées sur FB.
Question 22: Si c’était à refaire, est-ce que tu choisirais de dénoncer ton agresseur?

Stéphanie: Je crois que oui.